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La demande d'asile

Il y a cinq ans, Nicolas Barry a découvert le principe de l’entretien mené à l’OFPRA (Office Français de protection de réfugié.e.s et apatrides) dans le cadre de la procédure de demande d’asile en France.
Dans le cadre de cet entretien, un.e agent.e de l’OFPRA, après avoir étudié le dossier de la personne qu’elle rencontre, lui pose des questions sur son histoire. Le récit d’une vie qui a abouti à quitter son pays d’origine et de se rendre en France.
En fonction de cette histoire, et des éléments de preuves fourni.s par le ou la demandeur.euse, l’agent.e va pouvoir décider si la demande est recevable ou non. Le plus souvent, il est décidé qu’elle ne l’est pas.

Au BAAM, à la MIF, et dans de nombreuses associations qui accompagnent des personnes migrantes, cet entretien fait l’objet d’une préparation minutieuse. Le récit doit être lu et relu par plusieurs personnes pour vérifier sa cohérence, son intelligibilité. Il faut s’assurer que les traumatismes, les violences vécues ailleurs y sont décrites de façon suffisamment détaillée et précise pour que l’agent puisse se la représenter comme bien réelle, indubitable, or le doute, en la matière, est un couperet, le doute vous déboute et vous engage dans des mois et des mois de recours, dans d’autres cours nationales.

Les préparations à l’entretien OFPRA sont physiquement éprouvantes pour les personnages migrantes. Revivre en les racontant des traumatismes vécus, souvent insoutenables est une épreuve. Cette mise en récit, en dehors d’un cadre qui puisse recevoir la parole avec bienveillance et qui pourrait en prendre soin, constitue une mise en danger pour l’équilibre des personnes. La vérité de leur expérience, au lieu d’être l’objet d’une prise en charge, est au contraire surchargée de la responsabilité de leur obtention d’un statut.

Mais le corps fatigué, mais la langue étrangère, mais le bureau très froid où les questions sont posées, tout est hostile dans ce dispositif de soi-disant accueil. La préparation à l’entraînement physique, bien manger avant, bien dormir, rien n’est de nature à renverser en faveur de la personne migrante cette organisation, qui est en charge de lui refuser l’asile.

L’entretien OFPRA est à la fois un lieu (un bureau, deux chaises), deux personnages (agent.e et demandeur.euse), et un principe de discussion inflexible : question/réponse.
Le projet à la fois littéraire et chorégraphique de la Demande d’asile propose de mettre en crise ce dispositif, pour en dénoncer à la fois les méthodes, l’absurdité qui confine à la cruauté, ainsi que les présupposés racistes et les procédés de domination post-coloniale qui s’y exercent.

Deux danseuses incarnent l’agente et la migrante. Il n’y a ni chaise ni table ni bureau : ça se passe à l’extérieur. Elles poussent le curseur de la performance que nous avons dit plus haut, performance physique et verbale, jusqu’à l’exagération. Elles n’arrêtent ni de danser, ni de poser des questions et d’y répondre.

Création 2025.

50 minutes. 

Création pour pour l’espace public et les lieux non dédiés.

 

L'équipe

TEXTES, CHORÉGRAPHIE ET SCÉNOGRAPHIE : Nicolas BARRY 

 

INTERPRÉTATION : Sophie BILLON, Nangaline GOMIS 

 

COMPOSITEUR : Martin PONCET 

 

CO-CONCEPTION  SCÉNOGRAPHIE : Mathis BRUNET-BAHUT 

 

CONSTRUCTION : Yohan CHEMMOUL-BARTHÉLÉMY 

 

PEINTURE DECORATION : Elsa MARKOU

 

ADMINISTRATION ET PRODUCTION : Bureau d’Accompagnement STP

Production : Ensemble facture.


Co-productions et accueil en résidence : La Comète – Saint Étienne, Théâtre de Vanves. 

 

Nicolas Barry a reçu la Bourse d’écriture 2024 de l’association Beaumarchais Espace Public pour l’écriture de la Demande d’asile.